Communauté plus que commune. Les mots ont un sens. C’est écrit noir sur blanc dans le bulletin municipal : « Afin d’associer l’ensemble de notre communauté à ce projet. » Et dans ce village de 98 âmes, cela est martelé avec force. « Les gens qui arrivent ici sentent la communauté et l’esprit de solidarité », assure André Fornelli, le premier édile.
« On a été agréablement surpris de l’accueil des gens. Et puis, dans un deuxième temps, on a été encore plus surpris des relations personnelles que l’on peut avoir avec tout un village et des activités que l’on peut mener ensemble », témoigne Didier Gros Jean, arrivé voilà… 21 ans !
Comment expliquer cette ambiance ? « Les nouveaux respectent les anciens et se fondent dans la population », avance Paulette Dumont, première adjointe 100% saint-louboise. Alchimie réussie qui revigore ce village avec des entreprises à mille lieux du secteur agricole (encore présent) : gîte, graphisme, éditeur, cinéaste…
Télé
Ce village, fruit d’une ordonnance royale de 1823, compte deux cimetières et deux églises (Saint-Loup et Saint-Pierre), deux châteaux (Poussignan et Salles) et une forêt communale de 11 ha. Les plus anciens, à l’image de Roger Seillant (lire portrait sur le site), se souviennent de l’épicier, des deux cafés, du train pour aller à Toulouse (le bâtiment de la gare, le tunnel et le viaduc sont toujours visibles) de la première télé du village du café-épicier Monge où « les gens regardaient La piste aux étoiles ».
« C’est souvent la fête ici », poursuit Paulette Dumont, comme pour mieux souligner cette marque de fabrique. Ce souffle communautaire s’exprime pleinement au sein de la « Collégiale de la Lieuze », l’association en charge des activités culturelles et festives qui tire son nom de la rivière du coin.
Depuis deux ans, en juillet, elle organise le festival Théâtra Lieuze. Quiconque parcourt le centre de Saint-Loube ce jour-là découvre l’enthousiasme « de personnes volontaires, motivées et compétentes », explique Françoise Anton, professeur de théâtre native du village. « Il ne s’agit pas d’un rassemblement de théâtreux mais de rencontres ouvertes avec des pièces en français, mais aussi en espagnol et en occitan. »
Demain, il y a fort à parier que cet esprit perdurera. « Au niveau ambiance et cohésion de la commune, je n’ai aucune inquiétude. Nous serons contents d’accueillir de nouveaux arrivants. Nous avons un projet de petits lotissements que nous voulons faire à la taille de notre village en intégrant au fur et à mesure les gens », conclut le maire. Ceux-ci auront même la chance d’avoir un logo…
Première partie du reportage sonore sur Saint-Loube-Amades
Deuxième partie du reportage sonore
Repères :
Superficie : 600 ha
Population: 96 hab.
MAIRIE Village
32220 Saint-Loube-Amades
05 62 62 50 66
[email protected]
Maire : André Fornelli
Roger Seillant, souvenirs de paysan carillonneur
Il a mis son chapeau tant pour se protéger du soleil que pour la photo. À 94 ans, Roger Seillant a fière allure et la mémoire encore vive. L’ancien agriculteur, qui travaillait « en complément au moulin de Monblanc », coule aujourd’hui des jours paisibles dans son village natal.
Dialoguer avec lui, c’est comme ouvrir une boîte à souvenirs. Celle d’un jeune homme de 21 ans revenu des « Chantiers de jeunesse » de l’État français pour devenir carillonneur. « C’est le maire qui est venu me trouver pour remplacer l’ancien qui était paralysé de la jambe. Au départ, je devais dépanner. » Mais le bail a duré… Officiellement, il reste le sonneur même si l’électronique a pris le pas.
Des sons, il en a aussi entendu chez le forgeron : « c’était plutôt un lieu de rassemblement où les gens déposaient les socs et discutaient surtout. On y trouvait le premier téléphone du village. » Il y avait aussi « Monge », du nom du cafetier qui acquit en 1955 un téléviseur (là-aussi le premier). « Cela attirait du monde ! Surtout La piste aux étoiles. J’ai même confectionné des bancs pour les spectateurs. » Aujourd’hui, ce mobilier est recyclé à l’église.
Distraction
Dans la boîte, on trouve aussi « le battage, les vendanges, le ramassage du maïs » et les repas qui s’en suivaient, « les parties de carte du samedi soir » entre hommes et le bal où « l’accordéoniste jouait toujours les mêmes airs ». « Il y allait même s’il n’était pas danseur », se remémore son épouse Yvette. Mais le souvenir prégnant, bien avant l’exode rural des années 1960, reste incontestablement le train.
« Une vraie distraction ! Les gens venaient le voir, mais aussi le prendre pour aller au marché de Samatan. Et les Toulousains arrivaient pour se ravitailler pendant la guerre. Il fallait presque deux heures pour se rendre à Toulouse ! » Et lorsqu’en 1949, les cars ont détrôné les locos, cela lui a « manqué ».
A cette époque, le couvre-chef commençait aussi sa lente disparition. Le sien lui sied toujours à merveille.