Savès
Aides-soignants, infirmiers libéraux ou en établissement, ils vivent en continu avec la menace du coronavirus. Faisant fi du danger avec un sens du devoir et un altruisme à toute épreuve, ils ont accepté de témoigner de leur quotidien. Première partie : rencontre avec des personnels de l’hôpital et de l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Lombez.
« Nous sommes là pour ça »
Pour faire face à la crise et à l’arrivée d’éventuelles personnes atteintes du virus, l’hôpital a mis en place « un secteur Covid avec un personnel volontaire entièrement dédié de jour comme de nuit », explique Natacha Badie, cadre de santé. Passées « les tensions du début », chaque binôme infirmier(e)/aide-soignant(e) dispose de tous les équipements de protection en quantité, « notamment les masques[1]. »
L’organisation a été quelque peu bousculée avec « un planning proposé par les agents » : allongement du temps de travail le jour de 8 h à 12 h, mobilisation deux jours d’affilée pour chaque équipe (puis deux jours de repos) et mise à disposition d’une chambre à coucher pour les personnels qui le désirent au centre Vacanciel, à la base de loisirs de Samatan.
Témoignages réalisés en commun par téléphone. Conditions qui ne sont pas des plus optimales. Mais nous remercions ces femmes et ces hommes ainsi que la direction de l’hôpital/Ehpad pour leur accord.
Pascale (aide-soignante)
« La charge de travail a augmenté avec des précautions accrues et un allongement de la durée d’habillement. Nous ne pouvons nous permettre aucune faute avec l’hygiène, c’est forcément plus dur nerveusement, plus stressant. Nous prenons le temps de discuter avec les patients en évitant les sujets sensibles ; c’est très important pour eux car ils n’ont aucune visite. »
Pascale (infirmière)
« Nous avons toujours un peu peur car nous sommes confrontés à un virus très violent. Heureusement, nous sommes une équipe très solidaire, confrontée à des tâches identiques comme la toilette ou le ménage, ce qui atténue la différence statutaire entre nous. Pour les patients, on se doit de les rassurer. Mais ce n’est pas toujours facile car certains souffrent de perte de mémoire ou ont du mal à intégrer cette situation. De toute façon, nous sommes là pour eux et pour rien au monde je ne changerais de métier. »
Damien (aide-soignant à l’Ephad)
« Hormis ceux qui souffrent de troubles cognitifs et avec lesquels nous faisons preuve de plus de souplesse en les accompagnant hors de leur chambre, tous les résidents sont confinés et ne voient plus leurs proches, leur famille[2]… Leur chambre est devenue leur maison où nous leur servons leurs repas. C’est compliqué parfois d’être confronté à la solitude des patients, mais nous sommes là pour cela. Alors, nous faisons plus de relationnel pour égayer leurs journées. Une animatrice a même créé un groupe WhatsApp avec les familles qui désirent un échange et, dans les couloirs des bâtiments, nous avons affiché les dessins réalisés par les petits-enfants des résidents qui nous sont aussi destinés. Cela fait chaud au cœur. »
À suivre.
[1]Contrairement à ce qui a été écrit dans la presse locale (18 mars 2020), les masques fabriqués par une association lombezienne n’ont jamais été destinés au personnel soignant.
[2]Ces entretiens ont été réalisés avant la conférence de presse du 1erministre du dimanche 19 avril autorisant de nouveau les visites des familles dans les Ephad.