Il ne dépareille pas dans le paysage de « cette grande commune d’une superficie de 1100 ha surtout basée sur l’activité agricole céréalière », comme le précise Anne-Marie Londres, la maire de cette commune de 200 habitants. Un village appelé à grandir au vu « des nombreuses naissances ».
« Pas mal de jeunes couples de la banlieue toulousaine se sont installés pour le calme et l’école. » Située en plein centre bourg, cette dernière scolarise 40 enfants de la maternelle au CE1. Elle fait actuellement l’objet de travaux, « notamment une rénovation de l’Accueil de loisirs associé à l’école. »
Passion
Tous ces bambins peuvent gambader sur le terrain de foot face à leur établissement. Le ballon rond, c’est toute une histoire à Laymont. Créé en 1977, l’Avenir Laymontois compte environ 40 à 50 adhérents et recrute dans les communes environnantes.
« Au départ, les joueurs étaient en majorité du village, souligne l’un de ses fondateurs, aujourd’hui 1er adjoint, Yves Dutech. Nos voisins de Saint-Loube nous aidaient avec un lieu convivial, le café des frères Monge. Le terrain de foot était situé sur un terrain privé aux abords de la route qui relie les deux communes. »
En 1989, la municipalité construit l’actuel stade. « Il fallait pérenniser le club », se souvient le maire de l’époque, André Saint-Sernin. Aujourd’hui, l’intéressé s’occupe d’un autre club : celui du 3ème âge. Mais durant 31 ans, il a administré son village natal avec passion (lire portrait sur le site). Et cet ancien séminariste prend toujours plaisir à vous conter l’historique de l’église Saint-Martin, datant de 1734.
Autour du lieu de culte, on trouve trace d’une ancienne boucherie, une croix estampillée Jean-Pierre Bertin (lire page X) et un presbytère aménagé en logements locatifs. Au rez-de-chaussée de la bâtisse, une petite salle abrite un point lecture. « Il est ouvert une fois par semaine. Notre fonds est constitué à la fois de dons et d’ouvrages du bibliobus de la bibliothèque de prêt du Conseil départemental. », déclare Sandrine Arias.
Plaisir
La vie d’un village se compose aussi de retrouvailles : un Noël des enfants, une fête le 2ème week-end de novembre et une rando du 1er mai. « Et l’association De par les Monts organise des marches tous les mardis matins et donne des cours de gymnastique deux fois par semaine », précise Anne-Marie Londres.
Un dynamisme qui implique même les nouveaux habitants. À l’image de Benoît Talotti, arrivé en 2012 : « Pour moi, intégrer le Comité des fêtes, c’était rendre le plaisir que j’ai de vivre ici. Les gens se sourient et se parlent quand ils se croisent dans la rue. Laymont correspond exactement à ce que je cherchais. »
Première partie du reportage sonore sur Laymont
Deuxième partie du reportage sonore
André Saint-Sernin, Séminariste républicain
Une phrase guide son existence : « Ma vie, ce sont les autres. » Ou comment ériger en dogme l’altruisme. Autant dans sa vie de « dedans » que dans sa vie de « dehors », André Saint-Sernin s’est évertué à sa suivre son précepte.
« Dedans », « dehors » ? De prime abord, on ne comprend pas. Mais lorsque l’on tourne les pages du livre de sa vie, tout s’éclaircit. En résumé : André, c’est l’histoire d’un fils, petit-fils, arrière petit-fils, etc. d’agriculteur qui aurait dû épouser le goupillon, mais qui s’est retrouvé à servir la République.
Acte 1. « La terre nous colle aux pieds. » Expression toute faite pour désigner une famille dont on trouve les premières traces à Laymont en 1650. « Ma vie est complexe. Je ne vais pas la raconter », déclare tout de go ce sexagénaire toujours alerte. Pas besoin d’insister longtemps pour connaître la suite. Dans son récit, l’aîné aurait dû reprendre la ferme, et lui se destiner à la prêtrise. Patatras. Le schéma tout tracé ne se révèle pas le bon.
Acte 2. Six ans de petit-séminaire effectué, direction le service militaire. « Mars 1962, cela vous dit quelque chose ? » Et voilà comment le bidasse André échappe à ce que l’on appelait à l’époque « Les événements » de l’autre rive méditerranéenne. « L’armée m’a ouvert l’esprit. Je voulais poursuivre comme prêtre ouvrier. » Là, intervient la déclaration sentencieuse d’un évêque : « C’est dedans ou dehors. » Traduction : ou tu es spirituel, ou tu es temporel…
Acte 3. « Mais je suis têtu et je rejoins la Mission de France, à Pontigny. » Mais sa mère tombe malade et « {mon père} était déboussolé ». Il rapplique et, par la force des choses, reprend la ferme. « Mon frère aîné était devenu mécanicien agricole entre temps. » Adieu la vie à Dieu. Regrets ? « La vie nous amène à évoluer. »
Acte 4. En 1971, l’agriculteur installé est contacté « pour donner un coup de main à la commune ». Six ans plus tard, il brigue le poste de maire pour ne le lâcher que 31 ans plus tard. « Pendant un certain temps, la commune s’était Lassave/Saint-Sernin », rigole-t-il pour souligner « le partage » de Laymont entre ses deux familles.
Conclusion. « Mes priorité en tant que maire, j’ai pu les réaliser », affirme-t-il avec une pointe de fierté : « Desservir toutes les maisons en goudronnant les chemins, créer un club de foot pour occuper les jeunes, fusionner le club du 3ème âge avec celui de Montpézat et créer une école maternelle. » Sans oublier le combat contre les PTT et son projet Cidex[1] de « supprimer les boîtes aux lettres en bout des allées ». Depuis, le bureau de Poste a fermé. Mais cela ne lui fait « ni chaud ni froid. Il faut vivre avec son temps ».
Post-conclusion/avenir. Aujourd’hui, André le retraité préside le club du 3ème âge, a le titre de répondant paroissial et fait la catéchèse. Et il rêve pour sa commune de voir se construire « un village de seniors ». Finalement, avec cette idée très Silver économie, il poursuit son rôle d’édile et… d’altruiste. Et toujours « en dehors »…
[1] Courrier individuel à distribution exceptionnelle