Calme « Ce village dortoir », selon l’ancien maire, Moïse Albert, regorge d’une autre curiosité : « Y avait une source sous une vierge ; une mission de 1885, si mes souvenirs sont exacts. Elle s’appelait la source Saint-Germier. Elle n’était pas miraculeuse, mais les gens venaient de tout le Gers pour se baigner les yeux. Paraît-il que c’était bon pour la vue… » Une source enfouie, plus de curé, pas d’école, pas même l’ombre d’un commerce… « Et plus de fête locale », déplore Michel Steffen. « Nous n’étions que trente-trois au repas l’an passé contre quatre-vingt, quatre-vingt-dix d’habitude… » « Beaucoup de jeunes sont arrivés, ils ne s’impliquent pas dans la vie de la commune », résume fataliste Moïse Albert. Mais le tableau n’est pas si noir dans ce village agricole à la frontière du Gers et de la Haute-Garonne. Des couples s’y installent pour la proximité de Toulouse et son calme. « Quand je rentre du travail, c’est comme les vacances », affirme Oliver Wittwer, un Allemand salarié d’un célèbre avionneur, installé depuis deux ans avec femme et enfants. « Certes, cela manque un peu de vie, mais les gens nous ont très bien accueillis. » « Nous venions de Lyon et nous cherchions un endroit calme et propice à la méditation », ajoute Nadège Trébuchet, professeur d’Advaïta-Yoga qui exerce dans sa demeure depuis près de 20 ans. Elle et son mari Francis aimeraient bien s’investir dans la vie de Pébées, mais… « Nous avons tenté une intégration et même créé une association avec de nouveaux habitants pour animer le village. Mais c’est tombé à l’eau… » Aujourd’hui, « faute de temps », ils regrettent de ne pas s’investir plus. Projet Pour autant, les projets ne manquent pas à Pébées : révision de la carte communale, mise en accessibilité de la salle des fêtes et du cimetière, et réfection de la toiture de l’église « qui en a grand besoin », précise Michel Steffen. Et pour dynamiser la commune ? « Que les administrés soient motivés ! » Dans ce petit village, il serait regrettable de se contenter des souvenirs de fêtes de Moïse Albert et de Claude Lacoste (lire portrait sur le site). Un temps que les moins de 20 ans (voire plus !) n’ont pas pu connaître…Reportage sonore
« Tout change » pour Claude Lacoste
Il vit dans une caravane. « C’est comme ça. » Et ça lui plaît ? « Je ne me rends pas compte, je suis toujours occupé : je soigne mes lapins, je coupe les épines et, maintenant, je vais tenir compagnie les après-midi à ma sœur, à l’hôpital de Lombez. » Ainsi va la vie de Claude Lacoste, 71 ans et moustache à la gauloise.
Il est l’une des dernières figures de Pébées. Un paysan « mis en retraite automatiquement à soixante ans » qui n’a connu que son village. « Y a plus que des gens de la ville. Les agriculteurs qui y travaillent sont des communautés étrangères. » Mais cela ne le chiffonne pas : « Il faut s’habituer, cela changera encore. »
Enfant, il fréquentait l’école de Monblanc. Des commerces, il n’en a point connu. « Mon père m’a dit qu’avant la grande guerre, il y avait un épicier, un café et un cordonnier. » Il se souvient néanmoins qu’un « apothicaire » était installé dans le bâtiment de l’actuelle mairie. Mais pas de boulangerie. « Il y avait la tournée. Pareil pour le boucher. Un chien aboyait tous les samedis, car il savait que le commerçant allait venir lui donner un os. »
Il a été conseiller municipal. « Il fallait trouver quelqu’un pour faire le nombre. Je laissais faire les autres… » Son avis sur le Pébées du XXIème siècle ? « Faut prendre les gens comme ils sont. Tout change. Vous le voyez comme moi. » On insiste sur le côté anecdotique. « Y avait des bétails sur la route et des poules partout avant. Et de la boue tout le temps sur la route ! » Ça aussi, cela a bien changé…